poupées anciennes françaises et étrangères 1920-1970
12 Octobre 2025
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Aujourd'hui, par la grâce du progrès technique, la Belle Citronnière , sise sur la commune de la charmante station de Lavabo-les-Bains, va entrer de plein pied dans le siècle en accueillant la fabuleuse invention qui a donné son nom à la riante commune et damant ainsi le pion de la modernité à Poupékiry-sur-mer et sa gare ferroviaire. J'ai nommé LE LAVABO.
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Pour fêter dignement l'inauguration de la première salle de bains complète (pour voir la baignoire c'est ici et là ) du canton, madame la directrice a mis les petits plats dans les grands. Sont ainsi conviés :
- le traiteur "Dinettes et Poupettes" pour les amuse-bouche
- la fanfare municipale pour l'ambiance musicale
- Le sous préfet, le maire et le conseil municipal . Si Monsieur n'avait mis le holà, on aurait pu craindre également que les plus hautes autorités républicaines fussent conviées aux folies aquatiques dispendieuses de Madame la Directrice.
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- la haute administration locale : à savoir l'instituteur, le garde-barrière, le receveur des postes et le garde champêtre !
- L'inspecteur primaire de l'Instruction Publique
- et toutes les forces vives de la commune, comprendre , femmes, enfants et ouvriers de tous corps de métiers.
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Pour recevoir tout ce monde, la Belle Citronnière s'est parée de ses plus beaux atours , voilages et falbalas de prix (comme Madame diront les mauvaises langues!). Il se murmure même qu'un feu d'artifice devrait être tiré dans le parc à la tombée de la nuit ! (Monsieur le Directeur n'a pas vu encore la facture...)
Cette cérémonie festive et "inaugurative" doit connaitre son point d'orgue avec la coupure de ruban en petit comité dans la salle de bains de l'établissement à 15 h après les discours officiels sur la terrasse bien entendu. Le lavabo étant livré par coursier spécial pour 14 h , cela laissera une heure aux petites mains pour s'affairer au montage de l'engin dernier cri de la technologie ablutive. On devrait avoir laaargement le temps...
Mais voilà, un petit léger grain de sable vient perturber le bel ordonnancement (militaire?) de cette pompeuse célébration aquatique.
Tandis que les derniers préparatifs se réalisent avec fièvre en cuisine et dans les jardins , Monsieur et Madame sont allés revêtir leurs plus beaux atours . Frac , chemise à plastron et haut-de-forme pour monsieur, une "petite" (dixit Madame) robe en satin de soie robe voilé de tulle Paul Poiret (dont la facture a été aussi bien mystérieusement escamotée...) pour Madame.
Mais toujours pas de livreur pour l'objet de toutes les convoitises et de toutes les attentions : le lavabo...
Avant de monter se préparer , se maquiller, se pomponner (ce qui dure un assez long moment), Madame est passée en cuisine pour passer une "ronflante" au personnel dont la tension artérielle vient de connaître un pic notable.
- Mais enfin ? Il est où ce livreur ? Nos invités ne vont pas tarder ? Nous aurons l'air fins s'il n'y a rien dans la salle de bains !
On entend voler les mouches qui elles aussi encaissent le choc sonore par des vrombissements désordonnés !
- Il n'y a pas eu de déraillement ? On nous aurait avertis ? d'attaque de babaresques (NDLR les pirates qui écumaient la Méditerranée autrefois) ?
Monsieur essaie de calmer sa furieuse moitié :
- ça ne sert à rien de s'énerver , le livreur a peut être crevé en route , le personnel n'y peut rien et moi non plus !
- Oh ! Vous vous me poncez l'air avec vos airs de Pilate ! Je ne peux jamais compter sur vous , il faut que je m'occupe de tout sinon tout va à vau-l'eau !
- Oui ma plombière en sucre , c'est ainsi vous êtes notre digue à nos coupables inondations, vous êtes notre grande indispensable ! Mais ce n'est pas tout, allez vite vous préparer si vous ne voulez pas accueillir vos invités en négligé...
Très peu rassérénée par ces douceureux propos, telle une tornade blanche (non ce n'est pas le produit ménager qui n'existe pas encore, c'est juste que Madame est encore en tenue de nuit toute blanche), Madame disparait à l'étage en même temps que ces sombres imprécations.
C'est à ce moment-là que le livreur arrive en douce par l'entrée du personnel. Vu le charivari ambiant, il se débrouille de déposer le carton dans la pièce officielle et s'en va sur la pointe des pieds.
Un duo de jeunes bricoleuses en herbe décide de faire le déballage pour gagner du temps et apaiser le courroux directorial. Mais funeste oubli, la notice est aux abonnés absents et l'heure tourne ...
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Il va donc falloir faire preuve d'inventivité pour assembler le drôle d'engin !
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Des pièces de tous les côtés, un vrai (i-) keasse tête !
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Troulala itou ! ça va où ?
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- ça va ici, dit Mlle Gégé de façon péremptoire.
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- Je veux pas te vexer mais ça a pas l'air très pratique, répond Mlle Capi.
Fichtre ! On entend des pas et du brouhaha dans l'escalier , les officiels arrivent, vite ! La porte s'ouvre... TADAAM !
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Ouff ! Tout est fin prêt !
Mlle Jumeau , sélectionnée pour la démonstration s'avance timidement et prend place .
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Elle verse l'eau.
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Tout le monde retient son souffle :
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L'eau est-elle chaude ? Va-t-elle en verser à côté ?
Dans un bel élan d'improvisation , la voilà qui se saisit d'un vaporisateur et s 'en asperge généreusement .
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Une voix féminine outrée (que tout le monde reconnaîtra) :
- Mais c'est mon Chanel !!!
Alors qu'on applaudit à tout rompre, la fanfare entonne la Marseillaise.
Madame tend alors les ciseaux au Préfet pour couper le ruban :
Il y a un blanc … Elle se retourne vers le directeur :
- Alors mon ami , le ruban pour Monsieur le Préfet ?
Les yeux exorbités, celui-ci fouille désespérément la poche de son frac et se rend compte que la doublure est déchirée:
- Il a glissé de ma poche ma mie...
- Eh bien, vous n'êtes pas près de l'avoir à la boutonnière le ruban !
Mais le cortège officiel est déjà reparti aux rafraîchissements, poursuivi par une directrice lessivée...
Les filles sont ravies , enfin seules !!!
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Elles vont pouvoir occuper la salle de bains tout à loisir ! Voilà une nouvelle habitude qui fera date !